LE PÈLERIN ET LES SEPT PRINCESSES – LA QUÊTE DES PIERRES DE LUNE (CHP2)

Le pèlerin et les sept princesses, la quête des pierres de lune

Chapitre 2 – La cabane dans les bois

La cérémonie et l’enterrement de mon père furent rapides, simples et émouvants. Toute la famille avait été présente pour soutenir ma mère qui n’arrivait pas encore à accepter pleinement la disparition de son défunt mari. De mon côté, je n’avais pas eu l’occasion de faire mon deuil, étant constamment occupé par l’organisation des funérailles et la paperasserie administrative. Il m’aura fallu pas moins d’un mois pour régler les problèmes d’héritage suite au décès de mon père. Entre-temps, je faisais d’incessants allers-retours entre Paris et les Vosges pour m’occuper de ma mère. Bien que les voisins aient été d’un grand secours, elle avait plus que jamais besoin de moi. Voyant que son état ne s’améliorait pas, je décidai de prendre un congé de longue durée afin d’être présent pour l’aider au quotidien. C’est ainsi que je retournai m’installer dans la maison de mon enfance, quasiment vingt ans après l’avoir quittée pour une autre vie à Paris.
Après quelque temps seulement, j’étais redevenu un enfant du village. C’était à la fois étrange et surprenant. J’avais rapidement retrouvé mes points de repères et mes sensations d’antan, oubliant les vicissitudes d’une vie parisienne trépidante. Toutes ces personnes que j’avais connues durant mon enfance, et qui certes avaient beaucoup vieillies, me considéraient toujours comme un jeune garçon et leur regard bienveillant ainsi que leurs bons conseils contribuèrent largement à mon adaptation. L’état de ma mère s’améliorait de jours en jours et à l’approche du printemps, je jugeai qu’il était temps pour moi de reprendre mes activités et autres responsabilités professionnelles. J’appelai ma tante pour lui demander de venir passer quelques jours chez sa sœur afin d’assurer une transition en douceur. Elle accepta de bon cœur et je me résolus à rentrer à Paris. Mais avant de partir, ma mère me demanda d’aller récupérer quelques affaires qui appartenaient à mon père et qui se trouvaient dans une vieille cabane quelque part en forêt. Il avait été garde-chasse une grande partie de sa vie et bien qu’il ait été à la retraite depuis plusieurs années déjà, il continuait d’assurer, bénévolement et autant que sa santé le permettait, des missions de protection de l’environnement pour le compte de l’association locale des chasseurs-pêcheurs.
Je me souviens être parti un dimanche ensoleillé un peu avant onze heure. Le ciel était dégagé et le soleil répandait une lumière douce et chaleureuse. Après une heure à serpenter sur de petites routes de montagne, j’arrivai enfin sur le chemin forestier qui menait tout droit à la cabane que je devinais au loin. Le chemin de terre n’était pas assez praticable pour le petit véhicule que j’avais loué. Je décidai donc de continuer à pied jusqu’au chalet en bois que je rejoignis en quelques minutes seulement. J’ouvris la porte cadenassée à l’aide du trousseau de clés que m’avait confié ma mère un peu plus tôt. L’intérieur était un peu frustre et sombre. Une petite cheminée, une table, deux chaises, quelques étagères suspendues et deux armoires fermées à clé que je pus ouvrir sans difficulté.
La première contenait du matériel de chasse et de pêche ainsi que quelques conserves. Dans la seconde se trouvaient deux fusils de chasse et des boîtes de munitions. Sans me poser plus de questions, je me résolus à ramener tout ce bric-à-brac chez ma mère. Je commençai par transporter le contenu de la première armoire jusqu’à la voiture. Deux allers-retours suffirent pour accomplir ma besogne. Il ne restait plus qu’à récupérer les armes à feu. J’avais hâte d’en finir et avec un peu de chance, je pensais être de retour pour le déjeuner. J’empoignai donc les deux fusils et les boîtes de munitions, et je refermai l’armoire dans un même effort lorsqu’une des deux armes me fila entre les doigts, sa crosse heurta le sol et un coup de fusil partit brusquement ! À aucun moment je n’avais imaginé que l’arme ait pu être chargée… La surprise et le choc furent tels que je fis un bond en arrière avant de ressentir une vive douleur à la tête. Je m’effondrai alors violemment. Le corps gisant sur le sol, je sombrai rapidement dans les ténèbres de l’inconscience, seul, en pleine forêt. Mon histoire aurait pu s’arrêter là, comme un tragique fait divers relaté dans un journal local, mais c’était sans compter sur la providence. C’est en effet par la grâce de ce terrible accident que j’ai pu entreprendre la plus grande aventure de ma vie…

Extrait du livre Le pèlerin et les sept princesses, la quête des pierres de lune, J.M. Montsalvat, 2022. À paraître fin septembre 2022.