Dans le livre XI de son long poème intitulé Métamorphoses, le poète latin Ovide (43 av. J.C. – 18 ap. J.C.) nous conte la fabuleuse légende du roi Midas.
Le dieu Bacchus, escorté de sa troupe de Satyres et de Bacchantes, passait de Thrace en Phrygie. En court de route, le Satyre Silène, ivre-mort, perdit conscience et s’endormit au bord du chemin. Aucun de ses compagnons ne s’en aperçut. Des paysans phrygiens tombèrent par hasard sur Silène et le capturèrent pour le livrer au roi Midas. Ce dernier, heureux de retrouver celui qui l’avait jadis initié aux orgies bacchiques, l’accueillit chaleureusement. Puis, il le conduisit auprès du dieu Bacchus qui le cherchait désespérément. Pour le remercier, le dieu grec proposa à Midas de choisir sa récompense. Peu avisé, le roi phrygien choisit la capacité de transformer en or tout ce qu’il toucherait. Ce pouvoir qui le ravit dans un premier temps, s’avéra très vite catastrophique : même les aliments et les boisons que Midas portait à sa bouche se changeaient en or, l’empêchant ainsi de se nourrir et de se désaltérer. Midas reconnut alors son erreur et regretta amèrement son choix. Indulgent, Bacchus qui l’avait pourtant prévenu le débarrassa de ce funeste pouvoir en lui conseillant d’aller se baigner dans le Pactole, fleuve dont les flots et les champs voisins ont depuis lors la couleur de l’or (on trouve ici origine de l’expression « toucher le pactole »).
Après cette malencontreuse histoire, Midas vécut ensuite dans les bois près du Tmolus (une montagne de Lydie située dans l’Ouest de l’actuelle Turquie). Un jour, le dieu Pan avec son simple pipeau eut l’audace de se mesurer au brillant Apollon dans un concours de chant et de musique. Désigné comme arbitre, le mont Tmolus donna la victoire à Apollon. Seul Midas prit le parti de Pan. Apollon châtia Midas pour sa stupidité en lui donnant des oreilles d’âne, que ce dernier dissimula sous sa longue chevelure. Mais, un jour, le coiffeur du roi surprit l’affreux secret de Midas. Ne pouvant s’empêcher de révéler ce qu’il avait découvert, mais craignant la colère du roi, le serviteur s’isola et creusa un trou auquel il confia son secret à voix basse. Puis, il le recouvrit de terre. L’année suivante, des roseaux poussèrent à cet endroit précis et depuis lors, quand le vent les agite, ils parlent des oreilles d’âne du roi Midas…
Source : site internet bcs.fltr.ucl.ac.be