Wolfram von Eschenbach (vers 1170 – vers 1220) est un poète allemand du Moyen Âge. Il est considéré comme l’un des plus grands poètes épiques de son temps et l’un des représentants majeurs de la littérature courtoise en moyen haut-allemand. On lui doit la fameuse épopée de « Parzival », roman en vers écrit entre 1200 et 1210, qui inspira fortement le « Parsifal » du célèbre compositeur allemand Richard Wagner (1813 – 1883). Wolfram von Eschenbach considérait que le « Perceval ou conte du Graal » de Chrétien de Troyes (1130-1191) était fautif et incomplet. C’est pourquoi, il décida de rédiger la « véritable » histoire du Graal, qui lui aurait été révélée par un mystérieux personnage dénommé Kyot le Provençal.
LE GRAAL
Dans le « Parzival », le Graal est avant tout un objet d’origine céleste. Il est tout d’abord une pierre d’une très grande pureté dénommée « lapsit exillis ». Cette expression latine correspondrait à la forme contractée de « lapis lapsus ex coelis », signifiant « la pierre tombée des cieux », en référence au passage où Wolfram von Eschenbach nous apprend que cette pierre a été déposée sur terre par une troupe d’anges et confiés à une poignée d’élus, les gardiens du Graal, des hommes et des femmes purs désignés par Dieu.
Cette pierre possède de nombreuses vertus. Par exemple, on nous explique que l’oiseau Phénix se consume à son contact et renaît immédiatement de ses cendres, plus beau qu’il n’était auparavant. De même, celui qui voit cette pierre ne peut mourir de maladie pendant toute une semaine. Plus encore, il ne vieillira plus et restera éternellement jeune, seuls ses cheveux grisonneront. Sa chair et ses os retrouveront leur jeunesse. En effet, les vertus du Graal sont entretenues par une hostie déposée par une colombe blanche sur celui-ci. Elle descend du Ciel chaque Vendredi Saint avant d’y remonter.
À un autre endroit, le Graal apparaît sous la forme d’une petite table servant toutes sortes de nourritures et de boissons à volonté.
On nous dit également qu’il est si lourd que seule une vierge peut le porter et qu’il faut être baptisés pour le voir. De même, seuls ceux qui ont été nommés par Dieu pourront effectivement l’atteindre un jour. Ce sont d’ailleurs des inscriptions qui apparaissent sur la pierre dans des conditions particulières, qui permettent à Dieu de communiquer sa volonté aux gardiens du Graal. Ces inscriptions disparaissent dès qu’elles ont été lues. On voit ainsi le nom des personnes qui sont appelées à servir le Graal s’inscrire en lettres de feu sur celui-ci…
À suivre…
Source : Wolfram von Eschenbach – Parzival, traduction Danielle Buschinger et Jean-Marc Pastré – Honoré Champion Éditeur – 2010