AU ROYAUME DES POISSONS

Sécheresse

Il existe un vieux conte qu’on raconte aux enfants le soir autour d’un feu de camp dans le lointain pays Kota, une région sauvage d’Afrique Centrale, à cheval entre le Nord-Est du Gabon et le Congo.

Il y a plusieurs saisons sèches, le royaume des poissons connut une grande sécheresse. Elle était si rude qu’elle décima des populations entières de poissons. La vie était devenue dure, la terre aride et les rivières presque asséchées. Ne pouvant plus supporter ces atroces souffrances, les survivants de chaque espèce de poissons décidèrent de se réunir et d’unir leurs forces pour trouver une solution à cette terrible situation. Après d’interminables palabres, les plus anciens prirent la décision de composer une chanson pour demander de l’aide aux dieux et aux esprits des ancêtres. Chaque espèce devait chanter à tour de rôle, invoquant les dieux et priant pour que la pluie tombe enfin. L’ordre de passage fut établi en fonction de la grandeur et de la force de chaque espèce. Les premiers à chanter furent les poissons issomé, des silures géants qui régnaient jusqu’alors en maître dans les rivières du pays Kota. Ils chantèrent fièrement : « Pluie, ô pluie, nous, les poissons de la tribu des issomé venons te demander pourquoi il n’y a plus de pluie depuis longtemps, ô toi notre mère ! ». Puis, vinrent leurs petits frères silures, les m’poussi, les poissons-chats, les m’bahé et leurs cousins à épines, les igagna, les rapides yara et les mwendje, sorte de gros brochets ainsi que les carpes géantes, les eboundou… Les plus puissants poissons encore en vie avaient tous chanté et de toutes leurs forces, mais le ciel resta désespérément muet. Aucune pluie à l’horizon ! Ils se résignèrent à mourir… Mais c’était sans compter sur les minuscules crevettes d’eau douce, les kanga, la plus faible des espèces de poissons du pays Kota. Les kanga entonnèrent la chanson de leur voix mélodieuses et un miracle se produisit ! Tout à coup, le ciel s’assombrit, un vent violent se leva, le tonnerre gronda et les éclairs jaillirent, crevant les nuages qui s’étaient brusquement amoncelés. La pluie se répandit sur la terre sèche, inondant les champs et les rivières. Le petit chef des kanga fut porté en triomphe par ses pairs tandis que les autres poissons se prosternèrent devant lui en signe de gratitude. C’est ainsi que le royaume des poissons fut sauvé. Moralité, on a toujours besoin d’un plus petit que soit, et de pluie (céleste) aussi parfois…


Source : un grand merci à Claude qui a grandit en pays Kota et nous a gentiment rapporté ce joli conte.

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