LE CHEVAL BLANC

Cheval blanc

Rûmî est né à Balkh dans l’actuel Afghanistan en 1207 et mort à Konya dans l’actuelle Turquie en 1273. Il est l’un des plus grands poètes mystiques en langue persane.

Quelqu’un demanda à un bey de lui prêter un cheval. Le bey répondit : « Volontiers ! Prends mon cheval blanc.
– Non ! Non ! fit l’autre.
– Pourquoi donc ? demande le bey.
– Ce cheval est un animal étrange : il marche à l’envers, c’est-à-dire que lorsqu’il se déplace, sa queue le précède !
– Et alors ? Tu n’as qu’à tourner sa queue vers ta maison ! ».
Puisque le désir est la queue de ton ego, tu progresses à reculons. Alors, tourne cette queue vers l’appétit de l’autre monde. Quand le désir du sommeil ou la gourmandise s’affaiblissent, le désir de ta raison s’en trouve renforcé. C’est comme couper les branches d’un arbre. À leur place repoussent des branches plus vigoureuses. Tourne donc la queue de ton ego dans cette direction et il parviendra au but, fût-ce à reculons ! Il est vrai cependant que les chevaux obéissants sont plus commodes. Ils ne reculent pas lorsqu’on leur dit d’avancer.

Source : Djalâl al-Dîn Rûmî – Le Mesnevi : 150 contes soufis – Albin Michel – 1988

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