LA TARASQUE

La Tarasque

Les fêtes de la Tarasque qui ont lieu chaque année au mois de juin à Tarascon, ont été inscrites au patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO en novembre 2005. Ces festivités, qui durent quatre jours, tirent leur nom du célèbre monstre d’une ancienne légende locale : la Tarasque.

La Tarasque est un animal du folklore provençal qui hantait les marécages aux abords de Tarascon, ville située à mi-chemin entre Avignon et Arles dans le sud de la France. Ce monstre détruisait tout sur son passage, désolant les campagnes et dévorant hommes et bétail. D’après certains, la Tarasque était un dragon à longue queue, dont la gueule rappelait celle du lion et dont le dos était protégé par une forte écaille de tortue qui la rendait invulnérable. Pour d’autres, la Tarasque ressemblait à une sorte de dragon à six pattes courtes comme celles d’un ours, avec un torse comme celui d’un bœuf, recouvert d’une carapace de tortue et muni d’une queue écailleuse se terminant par un dard de scorpion. La tête de la bête était comme celle d’un lion aux oreilles de cheval avec un visage de vieil homme.

Les villageois qui vivaient sur les bords du Rhône étaient terrorisés. Un jour, le chef d’un village eu l’idée d’appeler au secours Sainte-Marthe, une jeune femme qui venait de s’installer dans la région et dont les miracles avait fait très rapidement la renommée. Les habitants demandèrent à la sainte de les délivrer du monstre. Elle répondit aussitôt à l’appel des villageois. Elle alla trouver la bête dans les marécages pour la défier. Une fois en face du monstre, elle noua sa ceinture autour de son cou, le rendant immédiatement docile comme un chien familier. Puis, la sainte retourna au village accompagnée de la terrible bête enfin maîtrisée et devenue inoffensive. Lorsque les villageois virent la Tarasque sans défense, ils se laissèrent envahir par la haine et la soif de vengeance. Ils se ruèrent sur le monstre et le tuèrent dans un effroyable bain de sang…

On peut rapprocher cette légende d’autres histoires analogues mettant en scène des saints chrétiens. Par exemple, l’évêque Saint-Romain qui délivra Rouen de la Gargouille, dragon qui terrorisait la ville, ou encore Saint-Clément de Metz qui tua le serpent-dragon Graoully qui hantait l’amphithéâtre. Certains commentateurs modernes ont vu dans ces légendes la volonté du clergé chrétien d’évangéliser des populations encore fortement influencées par le paganisme. Sans pour autant être fausse, il me semble que cette lecture est plutôt superficielle, car on trouve ce type de légende, où un héros combat un serpent-dragon, dans différentes cultures à travers le temps et l’espace. Par exemple, le combat d’Apollon contre Python dans l’antiquité grecque, Siegfried et Fafnir dans la mythologie scandinave ou encore Indra et Vritra dans l’Inde védique, etc.

Une question qui me paraît plus pertinente serait la suivante : que reste-t-il une fois qu’on a dépouillé tous ces mythes de leurs formes extérieures, qu’elles soient chrétiennes, greco-romaines, germaniques, hindoues, etc. Autrement dit, quel est l’esprit qui se cache derrière ces légendes, au-delà de l’espace et du temps ?


Crédit photo : illustration d’André des Gachons, pour « La Légende de la Tarasque » de Clovis Hugues, in Le Livre des Légendes, deuxième année, 1895.

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