L’EFFET DE L’OPIUM

Opium

Nasr Eddin Hodja est un personnage imaginaire qu’on retrouve sous une forme ou sous une autre dans tous les pays qui ont été en contact avancé avec la civilisation islamique. À la fois, savant et religieux ingénu, parfois faux-naïf prodiguant des enseignements tantôt absurdes tantôt ingénieux, sa renommée s’étend de l’Europe (Balkans) à l’Asie (Iran, Inde, Mongolie, etc.) en passant par l’Afrique (Maghreb, Égypte, Afrique subsaharienne). De fait, ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues différentes (serbo-croate, persan, turc, arabe, grec, russe, etc.) et contées à travers de multiples pays encore aujourd’hui.

Nasr Eddin Hodja avait entendu dire que l’opium mettait en euphorie et faisait voir les choses tout à fait autrement qu’elles ne sont. Il décida donc d’essayer et se rendit chez le marchand, où il se procura à grand prix de quoi allumer quelques pipes. Après quoi, il entra au bain, se déshabilla et commença à fumer son narguilé… Rien ne se passa. Même au bout d’une heure, Nasr Eddin n’éprouva rien, tout était normal, tout était ordinaire. La colère monta en lui : « Ce n’est pas de l’opium qu’on m’a vendu, mais de la poudre de perlimpinpin ! », se dit-il en lui-même. Il sortit furieux du hammam bien décidé à récupérer son argent. Il traversa toute la ville, nu comme un ver, sans même s’apercevoir que sur son passage on riait et on le couvrait d’insultes. Il était frénétiquement hors de lui lorsqu’il arriva à la boutique : « Mon argent, escroc ! lança-t-il au marchand. Ton opium ne m’a fait aucun effet !
– En es-tu bien sûr ? rétorqua calmement le marchand. ».

Source : Jean-Louis Maunoury – Les aventures de l’incomparable Nasr Eddin Hodja – Edition Phébus – 2002.

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