La romance judéo-espagnole qu’on pourrait intituler : El Sueño de la Hija, soit « le rêve de la (jeune) fille » aurait été composée entre le VIIIe et le XVe siècle en Andalousie arabo-musulmane, territoire couvrant plus ou moins l’Espagne et le Portugal actuels, et où se côtoyaient les trois religions monothéistes. C’était l’époque de la Convivencia, période de coexistence relativement paisible, favorisant les échanges culturels et intellectuels entre juifs, chrétiens et musulmans. L’Andalousie était alors un foyer culturel important et rayonnant dans toute l’Occident médiéval. C’est dans ce climat favorable que ce chant traditionnel séfarade de transmission orale serait vraisemblablement né, véritable perle façonnée par la rencontre des traditions spirituelles juive, chrétienne et musulmane. Ce chant relate le rêve d’une jeune fille et l’interprétation qu’en donne sa mère.
El Sueño de la Hija
Le Roi de France avait trois filles.
L’une travaillait, l’autre cousait.
La plus jeune des trois brodait.
Tout en travaillant, elle s’endort et rêve.
Sa mère la voit et veut la réprimander.
« Ne me réprimande pas, ma mère, ne me réprimande pas,
J’ai fait un beau rêve plein de joie. »
« Si tu as vu un rêve,
je l’interpréterai pour toi. »
« Je me suis arrêtée à la porte,
j’y ai vu la pleine lune.
Je me suis arrêtée à la fenêtre,
j’y ai vu l’étoile du matin.
Je me suis arrêtée au puits
et j’y ai vu une colonne d’or,
avec trois petits oiseaux qui picoraient. »
« La pleine lune est ta belle-mère.
L’étoile de Diana est ta belle-sœur.
Les trois petits oiseaux, tes beaux-frères.
Et la colonne d’or, le fils du roi, ton futur mari. »
Source : vidéo Youtube