Les peuples de Polynésie ont conservé jusqu’à aujourd’hui, une tradition orale et séculaire transmise au fil des générations et tissée d’incroyables mythes et légendes retraçant la création et l’évolution du cosmos, de la vie sous toutes ses formes et des innombrables îles sorties du Grand Océan. La légende du « Serpent arc-en-ciel » s’inscrit dans ce contexte (source).
Le grand sorcier, qui lit dans les étoiles les secrets de l’univers, avait prédit depuis fort longtemps qu’une sécheresse extrême brûlerait les rivières, les lacs, les cascades et toutes les sources d’eau douce. Mais l’avertissement tomba dans l’oubli et les hommes étaient insouciants. Lorsque la terrible prédiction s’accomplit enfin, elle prit au dépourvu les êtres humains. Tout le monde souffrait de la soif. Un jour un cochon sauvage en quête d’eau déplaça un rocher et creusa un trou d’où jaillit une source d’eau pure. Aussitôt, tous les animaux accoururent pour étancher leur soif, mais conscients de la situation, ils ne burent que modérément. Sauf le serpent qui avala toute l’eau restante jusqu’à la dernière gorgée, entraînant sur lui le courroux des autres animaux qui finirent par le tuer sous l’emprise d’une colère noire. C’est ainsi que l’esprit du serpent s’envola vers le ciel. Quelques jours plus tard, les animaux assoiffés virent s’agiter dans la poussière de minuscules serpents qui venaient de naître. Le kiwi voulut les manger, mais le kangourou s’interposa et les abrita à l’ombre d’une grosse pierre. Quand le serpent dans le ciel vit les soins apportés à ses enfants, il s’attendrit et se parant de merveilleuses couleurs, il recracha toute l’eau qu’il avait bu sous la forme d’une pluie miraculeuse qui remplit les lacs et les rivières comme autrefois. Ainsi, à chaque fois que l’on trouve un serpent dans la poussière, il faut en prendre soin afin que son aïeul dans le ciel envoie de l’eau sur la terre pour faire chanter les cascades…
L'aube naissante 