LE SILMARILLION

Orgues

« Le Silmarillion » est un livre de J.R.R. Tolkien publié à titre posthume par son fils Christopher en 1977. Il retrace la genèse et les premiers âges de l’univers de la « Terre du Milieu », la contrée légendaire où se déroulent les événements des romans les plus connus de J.R.R. Tolkien : « Le Hobbit » et « Le Seigneur des anneaux ».

« Le Silmarillion » comporte trois grandes parties de tailles inégales : une courte introduction qui décrit la genèse de l’univers imaginé par Tolkien, une présentation des puissances qui gouvernent ce monde et un long développement rassemblant les récits ainsi que les tribulations des créatures peuplant la « Terre du Milieu » : elfes, nains, hommes, hobbits, monstres, etc. Le titre du livre provient des « Silmarils », trois joyaux aux pouvoirs fabuleux dont l’histoire nous est contée précisément dans « Le Silmarillion ». Dans de ce billet, je ne pourrais aborder que l’introduction qui décrit la genèse de l’univers imaginé par Tolkien, et encore superficiellement, car l’œuvre de notre merveilleux conteur est d’une incroyable profondeur et d’une richesse symbolique étonnante.

Au commencement était Ilúvatar (« Père de tout »), le dieu créateur du monde imaginaire de Tolkien. Ilúvatar créa par la pensée les Ainur, « les saints », et il leur octroya à tous l’entendement et la parole, mais chacun ne reçut que la compréhension de la pensée d’Ilúvatar à partir de laquelle il avait été créé. C’est pourquoi, les Ainur chantèrent longtemps seuls ou en petits groupes selon leurs affinités. Puis, Ilúvatar leur communiqua un thème musical dans lequel ils devaient dorénavant chanter en harmonie. Ilúvatar se réjouit à l’audition de cette musique aussi belle que grandiose. Cependant, à mesure que la chanson avançait, un des Ainur, Melkor (« celui qui surgit en puissance »), entreprit d’inclure dans le thème musical d’Ilúvatar, des thèmes personnels venus de ses propres pensées afin de se glorifier lui-même. Cela provoqua une discordance dans la musique et Ilúvatar proposa par trois fois, un nouveau thème afin de rétablir l’harmonie. Mais à chaque fois, Melkor s’isolant des autres Ainur provoquait immanquablement une nouvelle cacophonie. Les Ainur étaient troublés, certains tentaient de s’accorder avec Melkor tandis que d’autres continuaient de respecter le thème initial. Ilúvatar mit alors un terme définitif à la musique des Ainur. Il les conduisit ensuite hors de sa demeure et il leur offrit la vue, pour qu’ils voient le monde qui avait été créé par leur musique et toutes les créatures qui le peupleraient un jour ou l’autre : elfes, nains, hommes, hobbits, monstres, etc.

J.R.R. Tolkien a de son vivant indiqué que son œuvre avait été fortement influencée par la mythologie nordique, par les mythes gréco-latins et le Christianisme. Les nombreuses ressemblances entre la cosmogonie du « Silmarillion » et de la Genèse biblique ne sont donc pas fortuites. Mais plus encore, la genèse décrite dans le « Silmarillion » possède sa propre beauté, reflétée dans un récit poétique aux accents universels. Ce qui me semble encore plus intéressant, c’est la possibilité d’appliquer ce récit à soi-même, ou pour reprendre une expression de l’écrivain Paulo Coelho, à « sa légende personnelle ». Dans ce sens, les Ainur symbolisent peut-être les puissances de l’âme qui recréent sans cesse le monde de notre individualité et les différents états d’âme que nous rencontrons ? Melkor représentant alors notre égo qui cherche à dominer la terre de notre être, ou notre petit moi individuel qui aspire à s’émanciper toujours plus de son origine céleste… Pour ma part, je pense que ces forces sont toujours à l’œuvre dans les profondeurs de notre intériorité et travaillent parfois en harmonie, et souvent en opposition. Mais quoi qu’il arrive, de ces frictions jaillit continuellement la vie, renvoyant sans cesse notre conscience à ce qu’il y a de meilleur, mais aussi de pire dans l’humanité !