Les bottes de sept lieux représentent l’objet magique par excellence. Popularisées en France par le conte du « Petit Poucet » de Charles Perrault (1628-1703), elles y jouent un rôle étonnant. On trouve également une définition de ces bottes dans le conte de « La belle au bois dormant » où elles sont décrites comme « des bottes de sept lieues (c’était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues en une seule enjambée) ».
Elles permettent donc à leur propriétaire de parcourir une très grande distance à chaque enjambée tout comme les sandales ailées du dieu Hermès dans la mythologie grecque. Dans le « Petit Poucet », elles sont tout d’abord la propriété de l’ogre des bois, qui s’en sert pour rattraper les enfants qui s’enfuient afin de les dévorer. Puis, elles seront ensuite subtilisées par le petit Poucet qui s’en servira pour grandir en se mettant au service du roi et en devenant son messager ; se faisant il sauve définitivement sa famille de la famine et de la misère. On comprend donc que ces bottes confèrent une capacité surhumaine à leur détenteur, une puissance qui n’est ni bonne, ni mauvaise en soi. Tout dépend de celui qui en fait usage. Elles peuvent être utilisées pour faire le bien comme c’est le cas avec le petit Poucet ou au contraire, le mal pour l’ogre des bois. On retrouve aujourd’hui cette même idée dans la littérature fantasy, dans la saga « Harry Potter » par exemple, avec la baguette magique, objet potentiellement bénéfique ou maléfique selon le sorcier qui s’en sert.
Si on intériorise cette histoire, on se rend compte que le petit Poucet représente peut-être un aspect subtil et méconnu de l’âme, voire totalement ignoré tant il semble insignifiant au regard des autres puissances animiques symbolisées par ses frères (raison, logique, volonté, désir, imagination, émotions, etc.). Cet aspect est une forme particulière d’intelligence se caractérisant par une compréhension spontanée d’une situation ou d’un événement. On pourrait parler d’un mode de connaissance instantané qui fonctionne par flashs lumineux comme une ampoule qui, lorsqu’on l’allume, éclaire aussitôt la pièce qui était plongée dans l’obscurité. Cette capacité intuitive permettant de voir les choses immédiatement, raccourcit le truchement de la pensée raisonnante pour atteindre directement la connaissance des choses, à l’image des bottes qui réduisent instantanément les distances terrestres. On peut trouver quelques allusions subtiles dans le conte de Perrault. Par exemple, lorsque la femme de l’ogre installe les sept garçons pour la nuit dans la chambre de ses sept filles qui dorment profondément. Au lieu de succomber au sommeil comme ses frères, le petit Poucet prend le temps d’échanger son bonnet et celui de ses frères contre les couronnes d’or des ogresses. Ce subterfuge leur sauvera la vie, puisque l’ogre s’étant introduit dans la chambre en pleine nuit, égorgera ses filles les prenant pour les garçons dans l’obscurité. Comment se fait-il que le petit Poucet ait eu cette idée lumineuse en un si court instant ? Mystère… D’ailleurs, le petit Poucet n’est-il pas devenu le messager du roi grâce aux bottes de sept lieux, tout comme Hermès était le messager des dieux…