Le merle noir est un oiseau étonnant. Il est capable de chanter à tout moment la journée, même si l’aurore et le coucher du soleil sont ses moments préférés. Du haut de son perchoir, il lance de longues phrases mélodieuses faites de notes flûtées, claires et sonores, émises avec un rythme assez lent. Le chant inclut des syllabes plus sifflées, parfois un peu déroutantes. La variabilité de son chant est grande et chaque mâle possède son propre répertoire. Il peut être ainsi facilement identifié. Certains merles sont de véritables virtuoses. Mais cela a un prix.
Tout d’abord, le merle apprend à chanter auprès de ses parents. Puis, en grandissant, il se rapproche des autres mâles et commence par les imiter. À force de travail et de patience, il développe une technique de plus en plus aboutie. Et au bout d’un moment, son chant va se différencier de plus en plus de celui de ses congénères. Le rythme, le phrasé et les intonations forment alors un chant mélodieux qui possède sa propre couleur. C’est le moment que choisit le merle pour s’isoler. Loin des autres, il travaille sans relâche toute la journée pour rendre son chant unique. Dans la solitude, il parfait son art, et cela passe par une nécessaire maîtrise de lui-même. Sans cela, il ne toucherait pas au but. Et un beau jour, un miracle se produit. Il devient alors un virtuose unique, qui n’attend plus que son public.
Il m’arrive d’entendre le chant du merle la nuit, lorsque je suis entre la veille et le sommeil. Même si certains parlent d’hallucinations auditives, je sais au fond de moi que ce merle intérieur est bien réel. C’est un virtuose lui aussi et son message est clair : le moi est une image du Soi.
