ERRANCE

J’ai émergé des ténèbres vers minuit,
J’éprouvais un mal de tête abominable,
Il y avait tout autour de moi du bruit.

J’ouvris les yeux dans un effort pitoyable,
Et je vis enfin quel était mon état.
Le corps fébrile étendu sur une table,

Sur ma chaise, je constatai les dégâts.
A la taverne, encore une nuit d’ivresse,
Parmi des hommes et femmes en ébats.

Je décampai sans faire de politesse,
Rassemblant le peu de force que j’avais,
Laissant derrière moi chagrin et tristesse.

Au dehors, le silence en maître régnait,
La lune voilée par des nuages gris,
Tandis que le froid soudain me saisissait.

J’errais un long moment dans les rues sans vie,
Quand m’apostropha un homme de la loi,
« Que fais-tu ici en pleine nuit l’ami ?

– Je veux désespéramment rentrer chez moi,
– Tu empestes l’alcool espèce d’ivrogne !
– Aide-moi mon frère, homme de bonne foi,

– Tu ne sais plus où tu habites ivrogne ?
– Si j’avais la réponse, serais-je perdue ?
– Viens là, je vais te rosser vieille charogne.

Prends un coup de bâton, te voilà fichu,
– Comment as-tu osé frapper une femme ?
– Travestie, ah, créature sans vertu !

– Ce n’est pas moi qui ait allumé la flamme !
Mon cœur s’embrase contre ma volonté.
Qui m’a amenée dans cet endroit infâme ?

Je ne sais pas, mais ce qui est assuré,
C’est qu’il faudra que le fautif me ramène,
Un jour à la maison, c’est la vérité ! ».


J.M. MONTSALVAT© 2023