LE SCORPION ET LA GRENOUILLE

Rivière africaine

Un scorpion vivait paisiblement sur la berge d’une petite rivière. Mais un jour d’été, un orage éclata. Un éclair lumineux frappa un arbre mort et alluma un feu de brousse. Il brûlait tout sur son passage. Le scorpion comprit très vite que le seul moyen de survivre à ce gigantesque incendie était de traverser la rivière. Mais il ne savait pas nager et risquait la noyade. Comment faire ? Acculer par le feu, il s’approcha dangereusement de l’eau. C’est alors qu’il vit une grenouille bien à l’abri sur un rocher au milieu de l’eau. Une idée germa dans son esprit et il l’interpella en ces termes : « Holà jeune grenouille !
– Qu’y a-t-il vieux scorpion ?
– Ne vois-tu pas l’incendie qui ravage la brousse de ce côté-ci de la rivière ?
– Oui, mais je suis à l’abri de tout mal sur l’eau !
– Si je reste là, le feu va me consumer. Il me faut traverser la rivière, mais je ne sais pas nager ! Pourrais-tu m’aider en me portant sur ton dos jusque l’autre rive ? La grenouille réfléchit un moment avant de répondre.
– Je t’aiderais bien volontiers, mais j’ai peur que tu me piques de ton dard venimeux durant notre traversée…
– N’aie aucune crainte, si je te piquais, tu mourrais instantanément et comme je ne sais pas nager, je me noierais par la même occasion. Tu vois, il n’y a aucun risque !
– Pourtant, je connais ta réputation. Tu piques tout ce qui passe à ta portée !
– Je te promets de ne pas te piquer, par pitié aide-moi ! Je ne suis pas fou au point de nous tuer tous les deux lors de notre traversée. ».
Finalement, la grenouille fut convaincue par les arguments du scorpion et prise de pitié, elle s’approcha de la berge. Le scorpion monta sur son dos et tous deux entamèrent la traversée de la rivière. Mais à mi-chemin, au plus fort du courant de la rivière, le scorpion piqua mortellement la grenouille avec son dard. La grenouille stupéfaite par cet acte de haute trahison, s’adressa agonisante au scorpion : « Tu m’avais promis ! Je ne comprends pas. Pourquoi nous avoir condamné tous les deux à une mort aussi violente que certaine ?
– C’était plus fort que moi, je n’ai pas pu résister ! Malheureusement pour nous deux, piquer est inscrit dans ma nature de scorpion, je n’ai pas pu faire autrement… », et tous deux périrent au terme de cette affreuse aventure.

Source : cette fable apparaîtrait dans le roman russe de Lev Nitoburg, « Le Quartier Allemand » (1933), mais je n’ai pas pu vérifier. Personnellement, j’ai entendu cette histoire lorsque j’étais enfant dans un épisode du manga « Les chevaliers du zodiaque »…